22/06/2018

L'été arrive et annonce la saison des vins rosés

L'été arrive et annonce la saison des vins rosés
Les vins rosés font désormais l'objet d'un engouement auprès d'un très large public. Avec l'arrivée du soleil et de la chaleur, c'est l'été qui vient enfin et annonce le retour des rosés sur les tables et pendant les soirées au bord de la mer. Au delà du plaisir sensuel, nous proposons une découverte un peu plus approfondie des vins rosés.

Le rosé vin d'été facile : vrai ou faux ?  
Nous aimons bien ces périodes douces, annonciatrices de vacances et de détente, pendant lesquelles on apprécie l'oisiveté des longues soirées estivales, autour d'une bonne bouteille de rosé partagée entre amis.
Le rosé a encore trop souvent l'image d'un vin facile que l'on consomme sans prétention. Le commun des mortels le classe rarement dans les grands vins. Il a même parfois la mauvaise réputation de celui qui à cause de son acidité et de l'abus de sulfites provoque migraine et lendemain difficile. Mais ce passé est largement révolu et le vin rosé c'est pas si facile que ça, ni à faire ni à choisir. Nous allons donc tenter d'éclairer la lanterne de chacun.

Comment faire un rosé ?  
Le rosé n'est  pas unique, il est multiple. Alors nous ne parlerons pas du rosé, mais plutôt des rosés.
Tout d'abord, il faut revenir à la genèse, les rosés sont considérés à tort, comme des vins faciles à élaborer. Mais ne vous y trompez pas. Ce sont probablement les plus difficiles à faire. Le travail du vinificateur est très complexe pour pouvoir obtenir un vin rosé de qualité qui soit à la fois frais, fruité, doté d'un bel équilibre et avec la couleur souhaitée. 

Contrairement aux vins rouges dont la durée d'élaboration et d'élevage est longue ce qui peut permettre de masquer parfois certains défauts de jeunesse, le rosé est élaboré en quelques journées, au maximum quelques semaines et s'il raté au départ, il n'est plus possible de l'améliorer ensuite.

Rappelons que les rosés ne sont pas élaborés par un assemblage de vin blanc et de vin rosé, mais par la vinification particulière de raisins rouges, dont la plupart sont à chair blanche. 
La couleur est le résultat du temps de macération et de la méthode utilisée pour le vinifier. C'est la peau du raisin qui contient les tannins et donne la couleur du vin.
Il y a deux techniques pour faire un rosé, la saignée ou le pressurage direct qui donnent pour résultat des vins très différents tant en couleur qu'en goût.

La saignée c'est la méthode qui consiste à remplir la cuve avec les grappes de raisin et laisser le jus s'écouler naturellement sous le poids de la partie solide du raisin. Cela produit des vins plus foncés et plus corsés.

Le pressurage direct c'est la technique qui utilise un pressoir pour presser les raisins juste après la vendange. Les jus sont immédiatement séparés des peaux de raisin. Cela produit des rosés de couleur pâle et plus légers en tannins. 


Que signifie la couleur des rosés ? 
La couleur des rosés provient du type de cépages et du mode de vinification utilisé par le vigneron. Plus le temps de  macération est long, plus le vin sera foncé. D'une manière générale et sans que ce soit un absolu, les rosés pâles sont plus légers en goût et en tannins. Ils conviennent bien à l'apéritif. Les rosés foncés sont plus puissants et concentrés. Ils accompagnent plus facilement les repas. Mais ici encore, il faut se méfier des a-priori car chaque vigneron a sa propre méthode et les goûts sont toujours très personnels.

Il existe aussi des rosés qualifiés de "gris" ou "gris de gris". Ces vins sans posséder "50 nuances de gris" possèdent une technique de vinification à macération très courte et sont d'une couleur rose pâle proche du saumon avec des reflets blanc et gris. Il sont généralement produits en Lorraine et en Languedoc, à partir de cépages spécifiques tels que les grenache gris, pinot gris, sauvignon gris, picpoul gris...

La tendance depuis ces dernières années est aux rosés le plus pâle possible, à tel point que certains sont si transparents que l'on pourrait croire qu'il s'agit de vins blancs ou même de l'eau. Mais que l'on se s'y trompe pas il ne s'agit pas de rosé piscine, mas de vrais vins !!!

Qui produit des rosés ? 
La France est le premier producteur de rosés avec un tiers de la production mondiale. Beaucoup pensent que le rosé est majoritairement provençal, mais c'est une erreur ! Certes il l'est en partie, mais pas uniquement. Le rosé existe depuis très longtemps, il est probablement le premier des vins produits dès l'antiquité. Il s'appelait à l'origine cléret ou encore aujourd'hui clairet dans le bordelais. Il se produit désormais des rosés dans presque toutes les régions de France et également en Europe avec notamment l'Italie, l'Espagne, peu le savent l'Allemagne en forte progression, mais aussi les États-Unis, l'Afrique du Sud...

Tour de France des rosés 

Provence : La Provence est depuis les années 1956 classée en VDQS puis les premiers AOC dans les années 1970 pour ses vins rosés. Les vignerons provençaux sont les pionniers de la qualité et ont largement contribué à la renommée actuelle des vins rosés. De nombreux domaines de Provence et notamment les crus classés ont atteint une notoriété mondiale pour les vin rosés avec de prix qui tutoient les grands crus classés rouges. On en trouve pour tous les goûts avec une grande diversité. Les vignerons excellent en la matière et on peut leur faire confiance.

Tavel : Le Tavel revendique d'être le premier rosé de France. Personne ne sait dans quel sens il faut entendre le mot "premier". Est-ce le plus ancien, le plus connu, le plus diffusé, ou le plus renommé. Mais probablement s'agit-il d'un bon slogan de propagande développé par les vignerons de cette appellation pour faire parler de leur vin. Il n'en reste pas moins que les rosés de Tavel sont des vins haut en couleur et en caractère qui accompagnent bien les repas gastronomiques.

Languedoc : Le Languedoc dans l'ensemble de ses AOC et IGP est depuis plusieurs années le premier producteur mondial de rosés en volume. La qualité a énormément progressé depuis une dizaine d'années. De plus en plus de vignerons apportent un grand soin à la réalisation de leurs vins rosés. La grande diversité des terroirs et des cépages utilisés favorisent de multiples expressions aromatiques et de saveurs.

Anjou : Le cabernet d'Anjou est un rosé foncé pâle et très typé qui est produit dans le Maine et Loire au sud d'Angers et de Saumur, à base de cabernet franc et de cabernet sauvignon. Peu le savent, mais cette appellation rosé est tellement appréciée et réputée qu'elle est devenue la deuxième AOC rosé de France en volume. Plus de 40 millions de bouteilles produites par an. Ces vins sont tendres, à la fois aromatiques, doux et gourmands.

Bordeaux : Le Clairet à Bordeaux existe depuis le XVème siècle. Son origine étymologique signifie vin clair. C'est un des plus anciens rosés de France. Ces vins AOC peuvent être élaborés sur l'ensemble de l'appellation Bordeaux. C'est un vin de couleur foncée qui se situe entre un rosé et un rouge. Ils sont riches en saveurs, fruités, persistants en bouche et rafraichissants. Depuis peu les vignerons bordelais  produisent également des rosés clairs.

Champagne : La champagne produit des vins rosés effervescents depuis le XVIIIème siècle. C'est la seule AOC qui a l'autorisation d'assembler vin rouge et vin blanc pour élaborer ses vins rosés. Une très faible quantité de rosé est faite à partir de saignée. Les champagnes rosés champenois sont des vins gastronomiques de caractère qui ornementent avec panache les tables des chefs étoilés, mais accompagnent aussi très bien les desserts.
Il existe aussi une petite appellation  qui produit des vins rosés tranquilles qui se dénomme Les Riceys, élaborés à base de pinot noir dans la commune éponyme des Riceys située dans l'Aube à la limite de la Bourgogne.

Qui consomme du rosé et pourquoi ? 
Depuis plusieurs années la consommation de rosés augmente régulièrement en France, mais aussi à l'étranger. Les français se sont pris de passion pour ces vins aromatiques et fruités et alors qu'ils n'en consommaient que l'été, depuis quelques temps la consommation est devenue annuelle. Quand avant chez les cavistes il restait du rosé fin septembre, on le trainait en stocks jusqu'en juin de l'année suivante. 

Maintenant quand il y a une rupture en décembre d'un domaine connu et apprécié, les clients nous reprochent de ne pas en avoir et il faut leur expliquer la saisonnalité de ce produit qui est artisanal et non pas industriel.

La popularité croissante de vins rosés s'explique aussi par le goût du rosé qui correspond aux attentes des amateurs de vins d'aujourd'hui. En effet, un certain nombre de consommateurs dédaignent l'acidité des blancs et apprécient peu les rouges trop tanniques. Dans les rosés ils trouvent un équilibre entre les deux, c'est à dire à la fois la fraicheur des blancs et le caractère des rouges. Par ailleurs, il y a désormais un grande diversité de vins rosés qui permet d'avoir une palette gustative très large.

La pénurie de rosé rêve ou réalité ? 
Fin mai 2018 la presse, la radio et la télévision se sont déchainés avec une annonce sur une pénurie imminente de rosé pour l'été 2018. Que penser de cet emballement médiatique ? Certes le millésime 2017 a été plus faible en rendement dans l'ensemble des vignobles de France et du monde. Une baisse générale entre 20 et 30% selon les régions. Néanmoins, les deux grands producteurs de rosé sont la Provence et le Languedoc dont le volume augmente.

Alors #pénuriederosé = #fakenews. On peut se poser légitimement la question : à qui profite cette avalanche d'information ?

Concrètement, si la consommation de rosé augmente, elle est compensée par l'augmentation constante de production en Languedoc depuis plusieurs années. D'autres régions françaises lui emboitent le pas, mais également les pays étrangers, comme l'Italie ou l'Espagne. Donc nous aurons peut-être moins de choix sur certains rosés historiques et connus, mais d'autres nouveaux les remplaceront.
Alors rassurez vous il y en aura pour tout le monde et votre caviste vous garde du stock pour les fêtes et soirées de cet été !!!

Le rosé n'est pas un vin de garde 
Attention aux clichés ! Beaucoup s'accordent à dire que le rosé doit être impérativement consommé au maximum dans l'année qui suit son millésime de production. C'est une réalité qui se vérifie souvent. 
Néanmoins, selon la technique de vinification utilisée par le vigneron, la garde des vins rosés pourra aller jusqu'à 2 ou 3 ans sans aucun risque. 

Ceci est particulièrement avéré dans les domaines renommés de Provence dont les vinificateurs maitrisent depuis longtemps le processus de l'élaboration des rosés et également dans certains domaines du Languedoc. 
Certains vins foncés ont aussi une aptitude à la garde plus longue, notamment le Cabernet d'Anjou.


Alors quel rosé suis-je ? 
Le plus important est le plaisir que l'on prend à la découverte d'un bon rosé entre amis pour accompagner un apéritif ou un bon diner en toute convivialité. Alors qu'il soit rosé pâle, foncé, doux, fruité, pétillant ou sec, peu importe... il faut qu'il vous plaise !!!

Alors nous vous souhaitons un bon été, une bonne dégustation avec un bon rosé et la meilleure amie de l'homme : modération bien sûr !!! Et n'oubliez pas de demander l'avis de votre caviste qui est le mieux placé pour vous conseiller avant d'acheter un vin rosé.

 Pour choisir un bon rosé 
  demander conseil à son caviste ! 
 Un large choix de rosés à la vente dans nos caves de Montpellier...