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La Ministre Axelle Lemaire à Assas |
Dans la série billet d'humeur, nous souhaitons attirer l'attention des vignerons, des cavistes, des amateurs de vin, des responsables du numérique, de l'opinion publique et de tous ceux qui entendent préserver le patrimoine viticole français et mondial sur un danger qui menace le monde des vins et des vignerons au cœur de l'internet.
Une mobilisation politique forte
Le 4 juillet 2014, la Secrétaire d’État au Numérique Madame Axelle Lemaire était présente dans la région de Montpellier, à la demande de Madame la Députée Fanny Dombre Coste pour des rencontres avec La French Tech Montpellier et les vignerons du Languedoc.
Une réunion était organisée à la coopérative d'Assas puis au Domaine Pierre Clavel pour un entretien et un débat avec le monde viticole sur la mise en place des extensions de domaine en .wine et .vin par l'ICANN, organisme américain qui réglemente les noms de domaine sur internet.
Pour l'occasion, se retrouvaient autour de la même table le Préfet Pierre de Bousquet, Monsieur le Maire et Président d'Agglomération de Montpellier Philippe Saurel, plusieurs députés de l'Hérault dont Fanny Dombre Coste, Frédéric Roig, Sébastien Denaja, des maires, ainsi que Jérôme Despey Président de la Chambre d'Agriculture de l'Hérault, Jean-Benoit Cavalié Président des AOC Languedoc, Yves Euzet Président de la Cave Coopérative d'Assas, de nombreux vignerons, dont Alexandre They, François Henry, Jean Guizard... et des entreprises de la FrenchTech ou dans l'internet à Montpellier comme Marie Daigneaux de Vina Domitia.
L'enjeu numérique du #pointwine
De prime abord, il semble bien et utile que l'on crée des noms spécifiques et représentatifs du secteur viticole. Ainsi nous pourrions avoir un languedoc.vin ou un bordeaux.wine fédérateur pour l'ensemble d'une filière. Seulement, dans l'internet et le commerce mondial ce n'est pas le pays des bisounours ! En effet, l'ICANN, soutenue par le gouvernement américain et une communauté mondiale consentante ou mal informée, envisage de concéder la gestion de ces noms de domaines à une société privée américaine. Elle a pour objectif de commercialiser les noms de domaine en .wine .vin .vino et de les vendre aux enchères au plus offrant. Ainsi, quiconque voudrait acheter le champagne.wine, le bourgogne.vin, le chateaulatour.wine ou le picsaintloup.vin pourrait ainsi détenir un site portail efficace pour proposer des produits ou vins qui n'ont aucun rapport avec les noms ou appellations concernés.
Internet et AOC du vin font-ils bon ménage ?
Ainsi, pourrait être ébranlée toute la politique qualitative de création des appellations d'origine contrôlée et indications géographiques protégées françaises et européennes établie depuis des dizaines d'années. Leur diffusion sur internet serait alors maîtrisée non plus par les vignerons et leurs organismes professionnels, mais par des sociétés privées à but commercial. Chacun sait le poids que prend internet dans la promotion du vin pour ne pas s'en inquiéter ! Il serait logique et sain que ce soit un organisme public ou neutre qui en soit le gestionnaire et non pas une société commerciale. Dans un registre similaire, on pourra trouver des ressemblances avec un trop mauvais souvenir du détournement du nom du village Laguiole au profit d'une société commerciale.
La jeune et talentueuse Ministre chargée du Numérique est convaincue que c'est une atteinte au patrimoine viticole français avec un danger pour nos AOC et IGP qui risquent de perdre leur âme au profit du "tout commerce" mondial. Elle est donc partie en croisade contre les géants mondiaux de l'internet et veut mobiliser toutes les énergies politiques, viticoles et numériques tant en France qu'en Europe et dans le monde entier sur ce sujet. Elle rappelle que le .pharmacy est depuis 2013 en diffusion libre et qu'il permet déjà la commercialisation sur des sites de médicaments contrefaits. D'un point de vue plus général, c'est aussi la protection et la défense du consommateur qui est en jeu et risque d'être atteinte par cette mesure.
Sous l'égide de Madame la Ministre Axelle Lemaire un "French Wine Task" qui unit la FrenchTech de Montpellier et les vignerons du Languedoc vient d'être créé à Montpellier pour mobiliser les professionnels du vin et alerter l'opinion publique des dangers que représente cette délégation de gestion par l'ICANN. En notre qualité de caviste et vigneron, promoteur du monde des vignerons et de leurs nobles produits, les vins de France et d'ailleurs, nous soutenons cette démarche et nous associons à sa diffusion la plus large. Nous encourageons et remercions par avance tous ceux qui la propageront tant en France qu'à l'étranger.